L'eau de la sourcière

L'eau de la sourcière

Une sourcière au cœur doux, tendre et chaud
Vint, guidée sous la claire lune et sage,
Tirer l'ivresse de la terre un seau
Dont sa mère, avant elle, eut l'ample usage.

Son amant fébrile et faible en sa couche,
Assoiffé, lui murmura à minuit :
"Tendre mie, je m'éteins comme une souche
Sur la grève et mon souffle me rôtit."

Son sourire baisa le front fané,
Puis elle pris les objets de sa mère,
Se vêtit pour le vent et les ondées
Sur la lande mauve aux sentes austères.

Sûrs, légers et vifs, ses petits pas burent
La colline au bout du pays herbeux.
Là, vit, en quelque genêt et coulure,
Quelque viel arbre, une eau secrète et bleue.

Sous la lune en écharpe elle tira,
Et tira tout ce qu'elle put tirer
Du puits des aïeules de ses fins bras,
Si fort que son eau en l'eau est tombée.

Elle sua du mont à la demeure,
Mouilla de ses paumes la bouche amère.
Et jamais l'amant ne sut qu'à cette heure
Il but de la source et de sa sourcière.

Shogui Love ©

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