L'An Nouveau







Au cas où j'oublierai, parce que ça passe tellement vite, je vous souhaite une belle année 2018, si, si, 2018, et 2019 et 2020 et toutes celles qui suivent. A mon avis ça va s'enfiler les unes derrière les autres, à la queue leu leu comme des chenilles en procession.. Y a eu des précédents dont je ne voudrais pas trop en parler, mais je peux vous dire que ça a défilé et filé à une de ces vitesses...
J'ai revu dernièrement une de mes connaissances perdue dans une année, une année surannée, et qui a débarqué dans la nouvelle. Une vieille connaissance du coup, même plus vieille que connaissance car je ne la reconnaissais plus trop, un lointain cousin, et j'ai failli perdre connaissance. Ça m'a fait peur. Franchement, je vais vous dire quelque chose : le nouvel an, quand on n'enclenche rien d'autre que la routine de la même pensée, c'est tout ce qu'il y a de nouveau dans la vie.
Me regardant dans le miroir, que je lustre à fond pourtant, je vois bien alors que mon visage a pris un sacré coup de vieux si je le compare avec seulement... au moins... bref un petit peu de temps auparavant, et ce n'est pas la vitre de mon psyché qui a coulé. C'est l'âge qui s'accumule dans les artères et les articulations et qui tire la peau vers le bas avec la complicité de la gravité qui a tout son temps et qui s'en fout de la nouvelle année comme de l'an 40.
Alors je me demande du coup c'est quoi la jeunesse après tout, dans quelle année s'est-elle planquée, s'est-elle arrêtée, où est-ce que je peux bien la retrouver cette fugitive.
Quand les ans s'entassent c'est l'âge agenouillé, c'est l'ange d'enfance désenchanté parce que nous ne nous sommes abreuvés qu'aux événements de la vie, qu'aux habitudes, qu'aux automatismes, qu'aux conditionnements, qu'aux espoirs infantiles qui nous racontent que demain sera mieux parce qu'aujourd'hui c'est de la m....
Tant que mon cerveau, les neurones, les synapses et cetera marchent à peu près bien je peux espérer que l'année nouvelle me donnera ce que la précédente, l'année imbécile qui vient de trépasser, cette année incapable, n'a pu m'offrir. Et rebelote pour l'année d'après !
Oui, tant que mon cerveau fonctionne, parce que la démence sénile survient de plus en plus tôt de nos jours... Et de savoir cela la peur s'installe ce qui nous fait consommer tant de magazines, d'articles, d'émissions qui nous somment d'être en bonne santé et heureux, d'aller quêter le bonheur et les thérapies, ânes bâtés bardés d'incertitudes et de rouilles que nous sommes, battus par les quotidiens qui se suivent et qui se ressemblent. Et quelle chance nous avons que ces gens bien plus intelligents que nous disent comment avoir la pêche et la banane du matin jusqu'au soir, du 1er janvier jusqu'au 31 décembre. Le bonheur et la santé sont obligatoires, parce que ça fait marcher le schmilblick, parce que les usines tourneront à fond par des mules toujours souriantes qui ont la patate.
Alors la jeunesse c'est quoi au fait, bon sang de bonsoir ?
Je me réponds que c'est la jeunesse d'âme, la jeunesse de l'esprit. Mais plus exactement, qu'est-ce donc véritablement ?
Eh bien je me dis qu'il n'y a peut-être pas que le nouvel an qui soit frais, plein de promesses, d'espoir et tutti quanti, qu'il y a également le nouveau mois, le nouveau jour, la nouvelle heure, la nouvelle minute, la nouvelle seconde, le nouvel instant, le nouveau moi-même de chaque souffle, de chaque battement de cil.
Et je me dis alors que, peut-être, être au présent dans tous les temps de la mémoire, c'est rendre le présent voyageur, c'est goûter à la jeunesse de l'esprit même si mon corps va se dégradant.
C'est faire avec le temps, accepter cette pente douce qui nous mène à la mort. Faire la paix avec l'issue dernière c'est faire la paix avec aujourd'hui, c'est pacifier l'instant avec soi.
Le bonheur, saura-t-on réellement ce que c'est ici-bas ? Ce n'est vraiment pas mon propos. Mon propos est celui-ci : je recherche le lieu en moi où je puisse reposer mes doutes jusqu'à ce qu'elles se transforment en certitudes.
Je me permets juste pour aujourd'hui d'avoir toutes sortes de relations, en commençant avec moi-même, apaisantes, rassurantes, épanouissantes, des relations qui ont un goût durable en mon être et en ceux des autres. Et je ne m'en veux pas, je ne m'en veux plus du tout d'avoir erré. Je mets juste en toute conscience claire un pas après l'autre en m'autorisant à apprécier chacun de ces pas, même s'ils n'ont pas l'air de suivre une trajectoire rectiligne parfaite. Et en me permettant de trébucher bien que je fasse attention en m'appliquant consciencieusement.
Le "nouvel an", le renouvellement, finalement,c'est à tous les moments aimés par cette claire conscience.
Inchâ Allâh, âmîne.

Shogui Love

Commentaires

Articles les plus consultés